Le blog de René Noto

Realitas

Catégorie : Tribune libre

Gestion du paramètre temps

Le concept du temps dans la gestion d’un événement
I/ Introduction
Le temps est le deuxième paramètre à prendre en compte dans la gestion d’un événement à conséquences collectives, sa connaissance est également aussi complexe que celle de la notion d’espace.
II /Présentation des chronologies
Par convention on prendra en compte l’espace de temps qui s’écoule entre le moment de survenue de l’événement destructeur et le retour à la vie normale
On peut très arbitrairement diviser ce temps en plusieurs « périodes » :
–Temps zéro
C’est l’heure exacte à laquelle survient l’événement : elle est exprimée en heure le plus souvent en heure locale et plus rarement en heure GMT (Heure Moyenne De Greenwich) pour les grands phénomènes naturels (séisme en particulier), heure GMT néanmoins plus souvent utilisée que l’heure UTC (temps universel coordonné).
La précision de ce « temps zéro « dépend essentiellement de la nature des événements, de leur lieu de survenue, de l’existence de capteurs (mécaniques, électriques, hydrauliques etc.). Par exemple il sera connu à la seconde précise lors de la survenue d’un séisme grâce aux enregistrements permanents des sismographes, il en est de même pour certains des accidents industriels importants (explosions, incendies, effondrements de structures, fuite de produits toxiques etc. ..). Même précision pour les accidents sociétaux comme les attentats par explosifs, à partir d’armes à feu.
Par contre la précision est nettement moins bonne quand il s’agit d’autres phénomènes naturels (tempêtes, inondations, glissements de terrain, raz-de-marée etc.).
Cette imprécision relative est compensée par la prise en compte du temps « T-1 » qui est significatif dans de nombreux phénomènes météorologiques (alertes météo :tempêtes, inondations, chutes de neige, vague de froid ou de canicule) (1,2,3,4,5)
-Temps + 1
C’est l’heure de l’alerte (ou de l’alarme), moment où la survenue de l’événement est connue de l’environnement humain de proximité. (1)
Dans ce contexte faut-il faire une différence entre une alerte et une alarme ?
L’alarme pourrait être considérée comme la survenue d’un avertissement sonore ou visuel dont la mise en œuvre est quasiment automatique par le biais de capteurs divers et on pourrait considérer que l’alerte est la transmission de l’alarme par un moyen physique de nature variable (sonnerie, sirènes etc.). (2)
C’est donc la connaissance de la survenue d’un événement qui présente des risques de danger, il nécessite la mise en œuvre d’opérations spécifiques en particulier dans le domaine industriel.
Il existe un nombre considérable de systèmes d’alerte, de leurs objectifs, de leurs destinataires.
Cette alerte est quelque fois difficile à réaliser dans les régions où l’habitat est très dispersé mais elle doit être effectuée avec tous les moyens disponibles (téléphones, radios locales, voitures avec hautparleur …), les nouvelles possibilités des téléphones mobiles permettent dans certaines circonstances une pré- alerte ou une alerte.
-Temps + 2
C’est le moment de la mobilisation et du départ des moyens de traitement de l’événement, et de la neutralisation du risque évolutif. Il est très variable suivant la localisation du sinistre, les moyens employés (routiers, aériens).
Actuellement dans toutes les grandes villes ce temps T+2 est souvent fixé par des normes administratives pour les accidents habituels. Il en est autrement lors de grands événements destructeurs où les moyens engagés sont fonction de plans de secours existants. En effet il faut réunir des équipes particulières, des moyens particuliers, voire spécifiques, assurer le regroupement, trouver les moyens de transport adéquats (concept des colonnes de secours).
Temps + 3
C’est d’abord l’arrivée des moyens de secours sur les lieux qui va se confondre avec la prise en compte des premières mesures de sécurité (limitation du risque), estimation de l’importance des dégâts matériels et humains.
Cette étape peut être longue en fonction de la nature de l’événement, de son importance, de sa localisation, (milieux :urbain, rural, montagneux, maritime, souterrain etc.), des conditions météorologiques plus ou moins favorables (exemple de secours en mer ou en zone montagneuse).
Temps + 4
C’est ensuite la période de traitement de l’événement avec la prise en charge des victimes, des sinistrés, le rétablissement ou la réparation des infrastructures endommagées (routes, ponts, lignes électriques, téléphoniques etc.)
Période de très longue durée au cours de laquelle le nombre et la diversité des » acteurs de secours » sont importants.
La médecine de catastrophe est concernée par la prise en charge des victimes, des morts, et de la survivance des rescapés (« Enterrer les morts et nourrir les survivants, marquis de Plombal, séisme de Lisbonne, 1755). Cependant elle ne peut ignorer le rôle des autres intervenants qui vont assurer à la fois la sécurité de ses personnels, l’apport des moyens logistiques (ravitaillement, transport,). C’est à cette occasion que l’on faudrait évoquer pour ces équipes de secours le concept d’autonomie de fonctionnement.
Temps + 5
Il est constitué du retour à la vie antérieure, à la vie normale dont la durée est très variable en fonction de la nature des sinistres, de leur importance mais aussi des moyens matériels dont dispose la communauté atteinte pour faire face aux conséquences générales de ces événements , de l’aide internationale éventuelle pour les catastrophes majeures.
Temps+ 6
Il est souvent ignoré des premières équipes de secours , c’est pourtant un temps essentiel pour les populations atteintes : les recherches des causes et des responsabilités, la prise en compte à la fois du multiple traumatisme physique, psychique , économique, et des indemnisations qui seront attribuées après un temps très long.
A l’étranger comme en France, plusieurs situations dans le domaine des crises sanitaires ont été révélatrices de cet état de fait : au Japon les intoxications par des dérivés mercuriels rejetés dans mer( syndrome de Minamata à partir de 1932 ), furent scientifiquement identifiés à partir de 1959 et cette responsabilité fut « close « juridiquement en 1996 soit près de 40 ans plus tard . En Europe (Allemagne et Grande -Bretagne ce furent les malformations fœtales liées à la thalidomide à partir de 1957 , crise sanitaire majeure dont les conséquences juridiques furent établies dans certains pays 10 à 15 ans après , puis ce fut la crise sanitaire du talc Morhange .
Même lenteur lors de catastrophes industrielles (Catastrophe minière de Courrières en France en 1906 , aux Etats- Unis nombreux cas de silicose lors d’un percement de tunnel de 1927 à1932 , d’autres accidents sont trop nombreux pour être cités ((6,7,8,9).
Cette élongation temporelle s’observe également dans certaines catastrophes naturelles en France comme dans d’autres pays d’Europe :
-catastrophe d’Aberfan (pays de Galles, Royaume-Uni), effondrement d’un crassier minier sur une école, 1 seul survivant, 144 morts (octobre 1966-1967 ;

-catastrophe à Val-d’Isère (France), avalanches sur un centre de vacances, 39 morts (février 1970-198 ;


-catastrophe du plateau d’Assy (France), avalanches sur un centre sportif,72 morts(avril 1970-1980 );


– catastrophe du Grand Bornant (France), inondations d’un terrain de camping, 71 morts (juillet 1987-1997);


-catastrophe de la Faute-sur-Mer, vague de submersion marine, 29 morts( février 2010-2016).


Il en est de même pour les attentats terroristes :
-Paris (France), attentats de 1986,(1986-1992 );
-Berlin-Ouest (Allemagne), attentats de 1986, 13 morts, 291 blessés (1986- 1992 ;
– Paris (France) attentats 2015, 130 morts,413 blessés (1995-2021).
L’organisation des procédures judiciaires est souvent donnée comme justification de ces retards, justification que l’on peut considérer comme illégitime dans le domaine du traumatisme psychologique individuel comme collectif.
III/ Réflexions
L
’analyse de ce paramètre temps entraîne deux réflexions.
– Faut-il distinguer le temps, le moment de survenue d’un événement de sa durée exprimée en unités conventionnelles ? (Secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois, années etc ).
– Quelle est la part de l’objectivité comme de la subjectivité de cette notion de durée ?
Dans le contexte des secours sa perception entre les personnes qui appellent pour une maladie ou un accident jugés graves (victime, entourage familial, professionnel, amical.) et celles qui reçoivent, et doivent intervenir : médecin traitant, sapeurs- pompiers, SAMU, est différente.
Cette discordance entre ceux qui attendent et ceux qui sont attendus a conduit à partir des années 75 à l’enregistrement systématique des appels pour répondre à tout conflit d’appréciation de cette durée souvent à l’origine de revendications judicaires. (10,11)
Ces enregistrements ont mis en évidence cette appréciation différente facile à comprendre au plan psychologique, mais ils ont révélé à fois le manque de précisions des messages de demande de secours comme quelquefois l’absence d’empathie dans leur réception pouvant entrainer une inadéquation de la réponse à la situation réelle sur le terrain.
La gestion du temps, sa perception intuitive et émotionnelle, de la différence avec celle mesurable de la durée, ont été et seront encore, (Malgré l’importance des moyens informatiques mis à la disposition des acteurs de secours et de soins et de directives précises) (12), des causes d’incidents et d’accidents aussi bien dans les situations individuelles que collectives.

« Le temps ne respecte rien de ce que l’on fait sans lui. »
Georges Bernanos (1888-1948)


Présentation graphique des paramètres de gestion


Prochaine étude : les paramètres environnementaux et sociétaux


Bibliographie
(1) www.s.tamelghaghet.free.fr/Erp/3_evacuation/message_alerte.htm
(2) https://www.ineris.fr/fr/risques/est-risque/quelques-grands-accidents-depuis-xxe-siecle
(3) https://photo.capital.fr/deux-siecles-de-catastrophes-industrielles-13482#douze-catastrophes-industrielles-de-1794-a-nos-jours-236332
(4) Catastrophe et responsabilité, M-A Descamps, Revue française de sociologie , 1972 13-3, https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1972_num_13_3_2080
(5) https://journals.openedition.org/conflits/12
(6) https://www.liberation.fr/planete/1997/11/19/allemagne-proces-des-auteurs-de-l-attentat-de-berlin-en-1986_220168/
(7) https://www.lepoint.fr/justice/un-medecin-du-samu-bientot-juge-pour-non-assistance-a-personne-en-peril-25-10-2018-2265975_2386.php
(8) De la judiciarisation des activités des sapeurs- pompiers : http://crd.ensosp.fr/doc_num.php?explnum_id=8022
(9) Evaluation de l’application du référentiel d’organisation du secours à personne et de l’aide médicale urgente
(10) https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/organisation_secours_a_personne.pdf
(11) https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-10/guide_methodologique_qualite_samu.pdf




Gestion d’un événement, le paramètre «espace»

Les paramètres d’analyse et de gestion d’un événement :
Les paramètres d’analyse et de gestion d’un événement agressif, d’une agression de nature collective, tels qu’ils ont été définis précédemment sont de trois ordres, de trois dimensions, en d’autres termes, l’événement s’inscrit dans la prise en compte de ces trois paramètres ; l’espace, le temps et contexte polyvalent socio-culturel, technique, économique…de la région de survenue.
I/ L’espace
L’espace est considéré souvent à tort à la fois comme un concept géographique, mais aussi géopolitique, il va se caractériser à la fois par le lieu de survenue : site urbain, rural, montagneux, désertique, marin…, sa dimension appréciée en surface, en km carrés.
Il y a quelques décennies encore, on pouvait proposer de classer les catastrophes en fonction de la superficie atteinte, était alors prise en compte l’idée d’une zone géographique dont le rayon s’étendrait de 2 à 100 km : cette conception classait les événements survenant dans une zone de rayon de dimensions variables (inférieur à 1 km, de 1m rayon à 100 km et enfin un rayon supérieur à 100 km.)
Il est évident que cette perception est partiellement utile pour les grandes catastrophes naturelles. Cependant le concept de surface ne peut se limiter car il peut être extensible et être atteint lui aussi de « mondialisation ». De nombreux événements peuvent en être l’origine :
-Les cyclones, tempêtes, ouragans ont sont l’exemple le plus démonstratif : phénomènes prévus par les services météorologiques aussi bien pour leur point de départ, leur évolution, leur intensité;
– Les éruptions volcaniques dont les cendres sont transportées sur des centaines , voire des milliers de kilomètres, et créer ainsi des répercussions considérables sur la vie des populations : pollution atmosphérique, dérèglement climatique avec diminution de l’exposition solaire… On garde en mémoire l’éruption du volcan islandais (1783 -1784) qui a eu des conséquences pour toute l’Europe continentale et plus près de nous, celle du volcan Eyjafjallajökull en Islande qui a perturbé la circulation aérienne dans une partie de l’Europe;
– Les tsunamis, conséquences de séismes sous-marins , peuvent avoir des répercussions uniquement régionales (tsunami de la Mer du Japon en 1993), mais aussi lointaines sur des côtes à des milliers de kilomètres (séisme et tsunami au Portugal en 1755).


Pour les autres événements, dès la connaissance de leur nature, la surface de la catastrophe est implicitement connue.
Il en est ainsi pour toutes les catastrophes de transport collectif, terrestre, ferroviaire, aérienne, maritime : une catastrophe ferroviaire s’étendra sur une centaine de mètres, de même pour une catastrophe aérienne survenant sur l’aéroport même, mais il en sera peut-être autrement si l’avion explose en vol ou percute le sol à grande vitesse; Dans ces conditions les débris seront éparpillés sur une surface beaucoup plus grande (France, accident d’avion d’Ermenonville, 1974-Royaume-Uni, accident par explosion terroriste à Lockerbie-Niger, désert du Ténéré, explosion en vol par attentat terroriste, 1989-et plus récemment en France dans les Alpes, le vol A 320 de la Germanwings, 2015).
Pour les accidents et surtout les catastrophes industrielles, la quantité d’espace atteinte est beaucoup plus grande en fonction de la nature de l’événement, ce sont surtout les explosions dont le retentissement local est le plus important pouvant atteindre une grande partie de la ville.
Les situations de ce type ont été fréquentes dans le passé et le seront encore dans le futur.
Historiquement ce furent les poudreries qui étaient responsables des plus grands accidents mais pour autant les explosions surviennent encore aux 20 et 21° siècle, plus « classiques » celles survenues en milieu urbain et périurbain : les ports, les zones industrielles.
Rappels des explosions les plus importantes qui sont devenues « les événements de référence  » :
– Pays- Bas ,1654, explosion de la poudrerie de Delphes, plusieurs centaines de morts ? un millier de blessés ? destruction d’une partie du centre-ville ;
– France, 1794, Paris, explosion de la poudrerie de Grenelle, environ un millier de morts comprenant les ouvriers de l’usine et les populations voisines et autant de blessés, des dégâts considérables ;
– Banlieue de Lille, janvier 1916, explosion de l’Arsenal des Dix- huit ponts, tout un quartier détruit,104 morts et plus de 400 blessés ;
– Canada, port de la ville d’Halifax, 1917, explosion du cargo français, le Mont-Blanc, avec une cargaison de munitions suivies d’un tsunami, une partie de la ville détruite, 2000 morts environ, des milliers de blessés ;
-États-Unis, Texas City, 1947, explosion du navire français « le Grandcamp » avec une cargaison de nitrate d’ammonium, plus de 500 morts, 3000 blessés, destruction matérielle importante ;
– France, Toulouse, 2001, explosion de l’usine AZF, 32 morts, plus de 1000 blessés et destructions importantes ;
-Congo, Brazzaville, mars 2012, explosion d’un dépôt de munitions, plus de 150 morts, des centaines de blessés, tout un quartier de la ville détruit ;
-Ukraine, 2017 explosions d’un dépôt de munitions , évacuation d’une partie de la ville (30 000 habitants) ;
-Russie, octobre 2020, explosion d’un dépôt de munitions, plusieurs villages évacués ;
– Liban, port de Beyrouth, août 2020, explosion d’un dépôt de nitrate d’ammonium, plus de 100 morts, environ 6500 blessés, une partie de la ville détruite.
Cette notion de «surface de catastrophe» est importante car elle va servir d’information sur l’importance de dégâts matériels, le nombre de victimes en fonction des bâtiments atteints. Actuellement elle peut être appréciée plus facilement par l’emploi de drones et ainsi déterminer la nature et la quantité de moyens humains et matériels à mettre en œuvre.
C’est dans ce contexte qu’il faut prendre en compte le concept de «population avoisinante», c’est-à-dire celle qui demeure à proximité géographique d’un site industriel.
Depuis l’accident de Seveso en 1976 il est apparu nécessaire de classer les sites industriels en fonction des risques (incendies, explosion, nuages toxiques…).
Les événements sociétaux obéissent aux mêmes règles d’extension de leur surface initiale : les deux grands conflits internationaux de 1914 -1918 et la deuxième guerre mondiale en sont deux exemples récents.
Les faits quotidiens mettent en évidence cette extension même dès l’événement considérés comme mineurs par rapport à des grands conflits, l’évolution du terrorisme dans une grande partie du monde en est un exemple.
Même à l’échelon d’une nation, une région on évoquera l’extension des flambées de violence à partir d’une localisation et d’un fait initial relativement précis, les violences de la cité rapidement extensive en sont un exemple permanent.
Enfin les grandes pandémies des siècles passai ont bien montré l’évolution des maladies infectieuses et contagieuses : peste, choléra, variole etc., la pandémie actuelle liée à un Corona virus met en évidence le risque permanent de l’extension mondiale des zoonoses.
En conclusion il faut remarquer la permanente confusion entre surface et espace : la surface « parle, s’exprime », se mesure, l’espace est infini et silencieux.
« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ».
Blaise Pascal (1623-1662)


Prochain texte : le temps

De la connaissance des événements

De la connaissance des événements

La survenue des événements agressifs (tels qu’ils ont été définis dans « l’avertissement ») et leurs conséquences sont connues à partir de trois sources : les données historiques, les informations contemporaines, la relation avec des faits actuels.

Les données historiques

Nombre de catastrophes essentiellement naturelles nous sont rapportées par les « chroniqueurs » de l’histoire.

Que saurait-on de la destruction de Pompéi lors de l’éruption du Vésuve (79 ap. J.-C.) sans la lettre de Pline le Jeune à Tacite évoquant la mort de son oncle (1) et plus tard de tous les voyageurs allant sur ce site (2) ?

Que saurait-on du séisme qui détruisit Lisbonne le 1er novembre 1755 et surtout de sa reconstruction sous l’impulsion du marquis de Pombal, sans tous les récits, et les controverses philosophiques entre Voltaire et Rousseau ? (3)

Qu’aurions-nous dû retenir de la « Grande noyade » survenue en 1634 sur les côtes de la mer du Nord avec les vagues de submersion parfaitement décrites, de leur pouvoir destructeur que l’on a revécu en 2010 sur la côte atlantique à la Faute -sur -Mer ? (4)

Comment, sans le témoignage de Chaptal, aurions-nous pu connaître les conséquences humaines lors de l’explosion de la poudrerie de Grenelle (Paris), en 1791, qui fut l’occasion de la création des premières lois de sécurité industrielle (5) ?

À partir de 1843 ce sont les témoignages du journal légendaire : « L’illustration », qui pendant plus d’un siècle (1843-1955) fut le premier journal illustré rapportant tous les événements mondiaux, dessins originaux puis plus tard photographies. (6)

Les données contemporaines

-Elles ont commencé à la fin du XIXe siècle avec l’invention de la photographie puis du cinéma : des chroniques, les récits journalistiques mais aussi des photographies, des films….

Les inondations subies par Paris en 1910 sont parfaitement documentées grâce à des dizaines voire des centaines photographies… offrant ainsi la possibilité d’envisager des conséquences et les moyens à mettre en œuvre pour une nouvelle inondation de cette ampleur. (7)

-Elles sont aussi connues par les récits recueillis auprès des témoins « directs » ayant vécu, assisté à l’événement, subi les conséquences matérielles et humaines (concept d’impliqué…). (8)(9)

– « Les détails » de ces événements agressifs furent encore développés par l’apparition de la radiophonie et la diffusion des reportages photographiques qui faisaient la » Une » dans toutes les actualités cinématographiques, sans oublier « la légende de la panique new-yorkaise » avec l’émission Orson Welles en 1938 (la Guerre des Mondes). (10)

-Enfin le développement de la télévision accentua la diffusion des informations pratiquement en temps réel.

Après « les correspondants de guerre », apparurent les « envoyés spéciaux », les » grands reporters » et des informations transmises comportaient à la fois « un récit », des commentaires des photos graphies, des films, les témoignages des populations impliquées, c’est l’apparition, le domaine, la «puissance» des reportages (11)

              -La fin du XXe et le début du XXIe siècle sont marqués par le développement de l’organisation des secours nationaux, internationaux… ce sont alors les « témoignages » des acteurs de secours recueillis dans ce qui est nommé actuellement les RETEX (Retours d’expérience…) qui font l’objet tout à la fois de rapports administratifs et de publications scientifiques (dans le domaine des soins…). (12)

Conclusions

Que retenir de l’abondance de ces documents écrits, photographiques, cinématographiques témoignages décrivant les conséquences de ces agressions, des modalités de réponses individuelles, collectives, institutionnelles ?

-En premier lieu, la possibilité de connaître ce passé « agressif » avec le risque important de vouloir juger la réponse à ces agressions à l’aune de nos connaissances actuelles, dans le domaine des secours comme dans celui des autres activités humaines, l’Histoire ne se déconstruit pas ni ne se restructure.

       -En deuxième lieu, la constatation des progrès constants, dans la réaction collective et dans la lutte institutionnelle en réponse à l’agression, qu’est l’organisation des secours.

(2) Herculanum et Pompéi dans les récits des voyageurs français du XVIIIe siècle. C. Grell (publication du Centre Jean Bérard).

(3) https://presquepartout.hypotheses.org/1023

(4) https://amp.fr.google-info.cn/9473959/1/inondation-de-1634-au-schleswig-holstein.htm

(5) https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2011-3-page-34.htm

(6) https://www.lillustration.com

(7) https://www.unjourdeplusaparis.com/paris-insolite/crue-seine-1910

(8) https://mail.google.com/mail/u/0/?ogbl#inbox

(9) L’émergence d’une « littérature » de non-écrivains : les témoignages de catastrophes historiques C. Coquio, Revue d’histoire littéraire de la France 2003/2 (Vol. 103), pages 343 à 363.

https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2003-2-page-343.htm

(10) https://www.franceculture.fr/histoire/la-guerre-des-mondes-histoire-dun-canular-radiophonique

(11) https://www.efj.fr/metier-du-journalisme/devenir-journaliste-envoye-special

(12) https://www.pulm.fr/index.php/9782367813271.html

Retours d’expériences post-catastrophes naturelles T. Rey, S. Defossez, Collection « Géorisques », Presses Universitaires de la Méditerranée.

Agressions : avertissement

Ce blog est consacré aux agressions, conditions et circonstances de survenue, conséquences immédiates et lointaines…

Mais ce concept d’agression doit être explicité, il ne s’agit pas des agressions comme en envisage dans le langage courant, c’est-à-dire l’action violente d’un ou plusieurs individus contre d’autres…

Il s’agit globalement de tous les événements susceptibles de nuire à un ou plusieurs individus, et dont les  origines sont diverses et variées : origines naturelles, technologiques et industrielles, sociétales, sanitaires… ainsi l’événement agresseur peut être un séisme, une tempête, une canicule, une explosion avec ou non effondrement, un incendie, l’attaque d’un animal sauvage, les piqûres d’insectes, des contaminations bactériennes, virales lors des épidémies, des pandémies… c’est également le domaine des naufrages, des catastrophes aériennes, ferroviaires…

Ces agressions peuvent être individuelles, semi collectives, collectives atteignant simultanément un grand nombre de personnes sur un territoire plus ou moins grand. Elles peuvent être aiguës ou chroniques, à cinétique plus ou moins longue (évoluant très vite où lentement) et les conséquences sont tout à la fois humaines (morts, disparus, blessés, impliqués, sinistrés…)et matérielles.

La réponse à ces agressions est classique dans le domaine des comportements humains : les fuites (si elles sont physiquement possibles), la lutte ou la défense avec des moyens appropriés ou non et l’adaptation dans la mesure où l’agression n’est pas vitale d’emblée et semble supportable par l’individu ou les individus.

Chaque événement peut être donc analysé en termes de conséquences mais surtout en terme de prévision et de prévention : ce qu’il aurait fallu « faire ou ne pas faire » pour que cela ne survienne pas . C’est la formule habituelle de l’opinion publique après un fait grave « plus jamais cela  » et pourtant …. quelques temps après, jours, semaines, mois….. même événement.

Oubli collectif ? « Cécité  » mentale ?

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