Les paramètres d’analyse et de gestion d’un événement
Les paramètres d’analyse et de gestion d’un événement agressif, d’une agression de nature collective, tels qu’ils ont été définis précédemment sont de trois ordres, de trois dimensions, en d’autres termes l’événement s’inscrit dans la prise en compte de ces trois paramètres ; l’espace, le temps et contexte polyvalent socio-culturel, technique, économique…de la région de survenue.
I/ L’espace
L’espace est considéré souvent à tort à la fois comme un concept géographique, mais aussi géopolitique, il va se caractériser à la fois par le lieu de survenue : site urbain, rural, montagneux, désertique, marin…, sa dimension appréciée en surface, en km carrés.
Il y a quelques décennies encore on pouvait proposer de classer les catastrophes en fonction de la superficie atteinte, était alors prise en compte l’idée d’une zone géographique dont le rayon s’étendrait de 2 à 100 km : cette conception classait les événements survenant dans une zone de rayon de dimensions variables (inférieur à 1 km, de 1m rayon à 100 km et enfin un rayon supérieur à 100 km.)
Il est évident que cette perception est partiellement utile pour les grandes catastrophes naturelles, Cependant le concept de surface ne peut se limiter car il peut être extensible et être atteint lui aussi de « mondialisation », de nombreux événements peuvent en être l’origine :
-Les cyclones, tempêtes, ouragans ont sont l’exemple le plus démonstratif : phénomènes prévus par les services météorologiques aussi bien pour leur point de départ, leur évolution, leur intensité
– Les éruptions volcaniques dont les cendres sont transportées sur des centaines , voire des milliers de kilomètres, et avoir ainsi des répercussions considérables sur la vie des populations : pollution atmosphérique, dérèglement climatique avec diminution de l’exposition solaire… on garde en mémoire l’éruption du volcan islandais en 1783 -1784 qui a eu des conséquences pour toute l’Europe continentale et plus près de nous celle du volcan Eyjafjallajökull en Islande qui a perturbé la circulation aérienne dans une partie de l’Europe ;
– Les tsunamis, conséquences de séismes sous-marins , peuvent avoir des répercussions sur uniquement régionales (tsunami de la Mer du Japon en 1993), mais aussi lointaines sur des côtes à des milliers de kilomètres (séisme et tsunami au Portugal en 1755).
Pour les autres événements, dès la connaissance de leur nature, la surface de la catastrophe est implicitement connue.
Il en est ainsi pour toutes les catastrophes de transport collectif, terrestre, ferroviaire, aérienne, maritime : une catastrophe ferroviaire s’étendra sur une centaine de mètres, de même une catastrophe aérienne survenant sur l’aéroport même, il en sera peut-être différemment si l’avion explose en vol ou percute le sol à grande vitesse, dans ces conditions les débris seront éparpillés sur une surface beaucoup plus grande (France, accident d’avion d’Ermenonville, 1974-Royaume-Uni, accident par explosion terroriste à Lockerbie-Niger, désert du Ténéré, explosion en vol par attentat terroriste, 1989-et plus récemment en France dans les Alpes, le vol A 320 de la Germanwings, 2015).
Pour les accidents et surtout les catastrophes industrielles, la quantité d’espace atteinte est beaucoup plus grande en fonction de la nature de l’événement, ce sont surtout les explosions dont le retentissement local est le plus important pouvant atteindre une grande partie de la ville.
Les situations de ce type ont été fréquentes dans le passé et le seront encore dans le futur.
Historiquement ce furent les poudreries qui étaient responsables des plus grands accidents mais pour autant les explosions surviennent encore aux 20 et 21° siècle, plus « classiques » celles survenues en milieu urbain et périurbain : les ports, les zones industrielles.
Rappels des explosions les plus importantes qui sont devenues « les événements de référence :
– Pays- Bas ,1654, explosion de la poudrerie de Delphes, plusieurs centaines de morts ? un millier de blessés ? destruction d’une partie du centre-ville ;
– France, 1794, Paris, explosion de la poudrerie de Grenelle, environ un millier de morts comprenant les ouvriers de l’usine et les populations voisines et autant de blessés, des dégâts considérables ;
– Banlieue de Lille, janvier 1916, explosion de l’Arsenal des Dix- huit ponts, tout un quartier détruit,104 morts et plus de 400 blessés ;
– Canada, port de la ville d’Halifax, 1917, explosion du cargo français, le Mont-Blanc, avec une cargaison de munitions suivies d’un tsunami, une partie de la ville détruite, 2000 morts environ, des milliers de blessés ;
-États-Unis, Texas City, 1947, explosion du navire français « le Grandcamp » avec une cargaison de nitrate d’ammonium, plus de 500 morts, 3000 blessés, destruction matérielle importante ;
– France, Toulouse, 2001, explosion de l’usine AZF, 32 morts, plus de 1000 blessés et destructions importantes ;
-Congo, Brazzaville, mars 2012, explosion d’un dépôt de munitions, plus de 150 morts, des centaines de blessés, tout un quartier de la ville détruit ;
-Ukraine, 2017 explosions d’un dépôt de munitions , évacuation d’une partie de la ville (30 000 habitants) ;
-Russie, octobre 2020, explosion d’un dépôt de munitions, plusieurs villages évacués ;
– Liban, port de Beyrouth, août 2020, explosion d’un dépôt de nitrate d’ammonium, plus de 100 morts, environ 6500 blessés, une partie de la ville détruite.
Cette notion de » surface de catastrophe » est importante car elle va servir d’information sur l’importance de dégâts matériels, le nombre de victimes en fonction des bâtiments atteints. Actuellement elle peut être appréciée plus facilement par l’emploi de drones et ainsi déterminer la nature et la quantité de moyens humains et matériels à mettre en œuvre.
C’est dans ce contexte qu’il faut prendre en compte le concept de « population avoisinante », c’est-à-dire celle qui demeure à proximité géographique d’un site industriel.
Depuis l’accident de Seveso en 1976 il est apparu nécessaire de classer les sites industriels en fonction des risques (incendies, explosion, nuages toxiques…).
Les événements sociétaux obéissent aux mêmes règles d’extension de leur surface initiale : les deux grands conflits internationaux de 1914 -1918 et la deuxième guerre mondiale en sont deux exemples récents.
Les faits quotidiens mettent en évidence cette extension même dès l’événement considérés comme mineurs par rapport à des grands conflits, l’évolution du terrorisme dans une grande partie du monde en est un exemple.
Même à l’échelon d’une nation, une région on évoquera l’extension des flambées de violence à partir d’une localisation et d’un fait initial relativement précis, les violences de la cité rapidement extensive en sont un exemple permanent.
Enfin les grandes pandémies des siècles passai ont bien montré l’évolution des maladies infectieuses et contagieuses : peste, choléra, variole etc., la pandémie actuelle liée à un Corona virus met en évidence le risque permanent de l’extension mondiale des zoonoses.
En conclusion il faut remarquer la permanente confusion entre surface et espace : la surface « parle, s’exprime », se mesure, l’espace est infini et silencieux.
« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ».
Blaise Pascal (1623-1662)
Prochain texte : le temps
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On connait déjà le concept de « mémoriel » qui est associé à de nombreuses situations , les pierres mémorielles sont aussi connues.(1)
On découvre maintenant « le béton mémoriel ».
Une église endommagée par un séisme (Le Teil , Ardèche 11 novembre 2019) ne peut être réparée , elle sera « déconstruite » et reconstruite en partie avec les pierres d’origine, les autres matériaux seront broyés et serviront à la fabrication d’un » béton mémoriel ».(2)
Quelle valeur accorder à ce concept ? Il est le témoignage de la vacuité de cette pensée « écolo-psychologique ».
Catastrophe et sublime(René Noto)
De toutes les définitions du mot sublime qu’elles sont celles que l’on pourrait retenir et associer au mot catastrophe : Admirable ? Extraordinaire ? Génial ?, Grandiose ? inouï, Magnifique ? Monumental ? , Splendide ? Superbe ?
Tous ces mots reflètent des aspects positifs alors que les conséquences générales d’une catastrophe s’inscrivent dans un contexte de désolation, de mort, de ruines…(1)
Une nouvelle tendance littéraire et artistique semble s’être « emparé « de ce concept pour montrer la beauté, sinon la surprise de découvrir les aspects visuels d’une catastrophe.
Le concept ne semble pas nouveau.
Au 16 ° siècle François de Nomé , connu sous le nom de Monsu Desiderio », artiste de l’imaginaire, de l’irrationnel, s’est consacré à des représentations d’intérieurs de cathédrales, de cavernes ou de ruines grandioses, éclairées d’une clarté lunaire et parsemées de petits personnages hors du temps …..
Son tableau Saint Augustin devant les ruines de Carthage est peut- être le plus emblématique ou significatif de ce courant artistique .
La philosophie a pris en compte également ce concept, pour Kant l’homme fait l’expérience du sublime. Entre plaisir et sidération, il découvre la raison qui lui donne la liberté. Tremblements de terre, tempêtes de sable ou de neige, cyclones, tsunamis…( 5)
Ce sublime de la catastrophe pourrait- il s’opposer ou s’associer à « Esthétique de la nature ou esthétique environnementale ? ( 6)
La redécouverte de cette perception de la catastrophe dans un contexte artistique et philosophique s’est traduite par des travaux divers , des expositions » explicatrices qui se sont multipliées ces dernières années, des productions littéraires , qui sont inspirées des manifestations de forces de la nature dans leur déchainement et leurs dérèglements.(7) (8)
Au fils des années et des situations d’agressions collectives majeures et destructrices et en même temps
la catastrophe, du récit mythique à l’irreprésentable , l’esthétisation du sublime en favorisant une sorte de voyeurisme ambigu devant ce qui comme nouvelle forme de catastrophe, illustre bien le …(9)
Ce constat amène à quelques réflexions :
– Cette position serait de nature à »déconstruire et à la banalisation du malheur ..(10)
– Pour l’ensemble des acteurs de secours , confrontés à la réalité du terrain ,pour les populations victimes « innocentes » le problème de la légitimé morale d’une telle conception peut- il se poser ?
(1) – Julie Andrée Tremblay
(2) – Sublime : Les tremblements de monde.
Hélène Guénin. Éditeur Centre Pompidou . Metz-2016
(3) –https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/François__de_Nom/135471
https://www.meisterdrucke.fr/fine-art-prints/Francois-de-Nome/300393/Ruines-avec-la-l%C3%A9gende-de-Saint-Augustin.html
(4) – Philosophie magazine. Emmanuel Kant et la nature déchaînée
(5)- https://www.philomag.com/articles/emmanuel-kant-et-la-nature-dechainee
(6)- Esthétique de la nature ou esthétique environnementale ?
Jean-Marie Schaeffer. Nouvelle revue d’esthétique 2018/2 (n° 22), pages 55 à 64
https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-d-esthetique-2018-2.htm
(7)- Introduction. Embarquement pour le sublime. Sens et fonctions d’un concept
Céline Flécheux. Presses universitaire de Rennes.P.7-32
https://books.openedition.org/pur/182941?lang=fr
(8)- Les catastrophes naturelles sublimées au centre Pompidou-Metz
https://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/les-catastrophes-naturelles-sublimees-au-centre-pompidou-metz-7781848302’invention des co
(10)- https://archipel.uqam.ca/9460/1/M14710.pdf
Une nouvelle forme de tuerie de masse ?
Les tueries de masse par armes à feu dans les milieux scolaires sont maintenant connues depuis 1927 avec l’épisode de L’attentat de la Bath Consolidated Schoolle 18 mai 1927 par un membre de la commission scolaire de l’école d’une petite ville du Michigan.
Il avait protesté contre la levée d’un nouvel impôt, il tua son épouse, et fait exploser une charge de dynamite dans l’école et sa voiture. Le bilan fut de 45 morts et 58 blessés. (1)
Depuis les fusillades de masse se succédèrent régulièrement dans les milieux scolaires, universitaires, dans les restaurants, magasins, entreprises…. Sur la voie publique …
Essentiellement utilisation d’armes à feu aux Etats- Unis en raison de la facilité d’obtention d’armes très puissantes.
Quelques tueries de masse par armes blanches principalement au Japon et en Chine où les possibilités de se procurer une arme à feu sont très réduites.
Les fusillades de masse se poursuivent donc aux Etats-Unis avec une constance régulière…
Il y a eu aussi des tueries de masse plus rares avec les dérives sectaires, suicides collectifs et massacre à Johnstown du Temple du peuple au Guyana (2) en 1978 avec 923 morts.
En 1994 ce sont les actions des dirigeants de l’ordre du Temple Solaire en Suisse et au Canada (2) : plus de 25 morts exécutés par armes à feu , puis ensuite brulés …
Puis toujours en 1994 les 88 morts de la secte des Davidsoniens à Waco au Texas. Suivant les sources le nombre de victimes diffère (3,4).
Les suicides collectifs ont fait l’objet de plusieurs études qui permettent de comprendre le déclenchement de ces comportements (5).
Au Kenya il y a quelques semaines seulement découverte de plusieurs dizaines de morts, mort après un jeune total « recommandé » par le responsable -créateur d’une église évangélique : l’’Église internationale de bonne nouvelle (Good News International Church), les corps avaient été inhumés dans la forêt, le recensement est en cours et le nombre de victimes augmente avec la poursuite des recherches.
Le dernier bilan fait état de 73 morts) et il y encore 122 adeptes de cette Eglise qui sont disparus.
Des survivants ont été retrouvés et hospitalisés. (6,7,8,9)
C’est un grand coup et un grand choc pour notre pays », a déclaré …, chargé de la protection de l’enfance pour le comté de Kilifi, affirmant qu’il s’agissait de « tueries de masse ».
Plusieurs dizaines de survivants ont été retrouvés, il est probable que la prise en charge des patients présentant une telle anorexie mentale sera difficile. (10)
Tuerie déguisée ? Comportements suicidaires collectifs ? Comportements collectifs d’un déni de réalité ? Délires mystiques collectifs ?
- https://www.dna.fr/societe/2012/12/15/bath-consolidated-school
- https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/749
- https://www.swissinfo.ch/fre/societe/anniversaire_le-drame-du-temple-solaire-a-25-ans/45275424
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/il-y-20-ans-massacre-ordre-du-temple-solaire-saint-pierre-cherennes-885527.html
- Du collectif comme délire suicidaire, Denis Duclos Dans Délire et construction (2003),
https://www.cairn.info/delire-et-construction–9782749200989-page-137.htm
- https://www.msn.com/fr-xl/actualite/afrique/kenya-le-pasteur-leur-dit-de-je%C3%BBner-pour-rencontrer-j%C3%A9sus-70-corps-retrouv%C3%A9s-dans-la-for%C3%AAt/ar-AA1akdwq?li=AA
- https://africa.la-croix.com/kenya-51-fideles-dune-secte-chretienne-retrouves-morts-apres-avoir-jeune-pour-rencontrer-jesus/
- https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/kenya-26-nouveaux-corps-de-fidèles-présumés-d-une-secte-exhumés-dans-une-forêt/ar-AA1aexyZ?ocid=Pereg
- https://www.letelegramme.fr/monde/kenya-51-adeptes-d-une-secte-sont-morts-les-recherches-se-poursuivent-24-04-2023-13324495.php
- https://www.leparisien.fr/international/kenya-les-corps-dune-cinquantaine-de-membres-dune-secte-qui-ont-jeune-jusqua-la-mort-retrouves-en-foret-23-04-2023-
René Noto
Synonyme de revêtement cutané, la peau chez l’homme, comme chez tous les vertébrés, est la première barrière de protection vis-à-vis de l’environnement.
Les lésions de la peau sont d’origine très variée : mécanique (plaie), thermique (brulure et gelure), chimique (brulure chimique), radiologique (dermite radiologique), infectieuse (infection cutanée), animale (morsure, piqure) et peuvent coexister avec d’autres lésions corporelles (fractures, entorses etc.)
Dans le domaine des toxiques certains d’entre eux peuvent passer cette barrière cutanée et pénétrer dans l’organisme, ( gaz de combat).
Cette possibilité justifie dans toutes les interventions « NRBC » le port de tenue de protection et d’autre part la décontamination des victimes comme des matériels contaminés.
La peau dans sa qualité de revêtement cutanée à rôle important dans les relations interhumaines.
Chaque individu à une vision « de l’autre » par le biais de cette peau recouvrant une partie du corps visible, dont la nature et la surface dépendent de multiples facteurs socio- culturels, saisonniers, personnels etc.
De même chaque individu expose aux regards de » l’autre « une certaine surface de peau en fonction de ces mêmes paramètres, (moment et degré d’intimité dans ses relations.).
Le langage populaire ne s’y trompe pas dans ses appréciations positives ou négatives : « avoir une peau de velours, une peau de pêche » …. « » Être une vielle peau…
Cette importance de la peau est confirmée par l’importance de produits d’entretien de la peau mis sur le marché, ce qui représente un élément important dans le domaine économique. Les lésions de la peau ont en pratique courante comme en situation exceptionnelle ont un impact particulier en raison des conséquences psychologiques que peuvent avoir les séquelles.
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Identification des patients et des victimes
Identification des patients, des victimes, des citoyens
Réflexions prospectives
Préambule
Le besoin d’identification chez l’homme est un processus cognitif à la fois spontané et indispensable dans la vie courante pour sa satisfaction immédiate, pour sa sécurité, ses relations sociales, ses activités professionnelles, sa connaissance du monde : reconnaitre une plante, un arbre, une fleur, un insecte, un animal, un visage humain mais aussi un objet manufacturé.
Ces processus d’identification dépendent d’une part des capacités mémorielles de l’individu, de son goût, de ses besoins de « savoir, mais également de son éducation familiale, professionnelle, sociétale…
La vue, l’odorat, le toucher sont les bases neurophysiologiques de ces actions d’identification et dans le domaine environnemental les animaux nous sont supérieurs, l’homme est » un animal dénaturé ».
Dans le domaine de la santé l’identification des patients et des victimes s’inscrit dans le processus général de l’identification de l’état civil commencé très tôt dans l’histoire de l’homme avec des actions religieuses, royales, républicaines, impériales et se poursuit actuellement (dernière loi de 2005) en diversifiant les moyens. (1)(2)
Malades et blessés…ils ont tous au moment de l’événement agressif (accident, maladie aigüe) une identification nationale avec le numéro de sécurité sociale instaurée en 1945 par le gouvernement du général de Gaulle complétée il y a quelques années par la mise en place de la carte vitale. (3)
Mais toutes ces mesures sont d’ordre administratif et peuvent être mises en défaut, contournées, utilisées frauduleusement. Différentes instances ont mis en évidence l’importance des fraudes actuelles dans le domaine des prestations sociales. (4).
En urgence, qu’il s’agisse d’une intervention à domicile, sur les lieux de travail, sur la voie publique dans un ERP, les acteurs de secours et de soins ont comme priorité la prise en charge du patient et n’ont aucun moyen de vérifier les données de l’identité.
Situation similaire en milieu hospitalier où le contrôle de l’identité dépend des mêmes données : carte d’identité et carte vitale (avec les mêmes possibilités de fraude).
Pour autant depuis 2013(5) les personnels des services hospitaliers (publics et privés) ont obligation de poser un bracelet d’identification (numéro d’identification, code -barre.) pour éviter la confusion entre deux patients lors de la réalisation d’examens, de soins….
Avant cette date, sans être nombreuses, (6) les erreurs concernaient aussi bien les actes d’examens, les indications thérapeutiques. En chirurgie elles pouvaient avoir des conséquences graves, par nature irréversibles. Pour autant si les confusions entre deux patients sont pratiquement impossibles (si les consignes de vérifications sont respectées), les erreurs de latéralisation lors des interventions chirurgicales des membres supérieurs et inférieurs (7) sont encore possibles, erreurs évitables si l’application des mesures de contrôle de la « check- liste » est rigoureuse (8).
Dans les situations d’urgence collectives le principe d’identification précoce est indispensable, rendu difficile dans un contexte d’afflux de blessés, de difficultés logistiques, d’ambiance émotionnelle particulière. Le plus souvent il ne s’agit pas d’une identification nominale mais elle est seulement fonctionnelle, opérationnelle permettant le suivi de la prise en charge d’une victime individualisée depuis la prise en charge et qui se poursuivra tout le long de la chaine de secours et de soins.
En France initialement dans la mise en œuvre du plan Rouge (actuellement plan NOVI) l’identification se faisait avec des bracelets prénumérotés.
Actuellement le système SINUS (9) a fait les preuves de son efficacité et de sa sureté.
Pour les catastrophes à l’étranger les secours internationaux disposent de consignes très précises pour l’identification des cadavres, confiée le plus souvent aux services de police et a des équipes d’identification multidisciplinaire. (10). Pour les autres victimes il est probable que chaque équipe utilisera la méthode habituellement préconisée dans son pays.
Les guerres représentent une autre situation inédite pour ces identifications, guerres qui pour Proof représentent « une épidémie de blessés ».
Dès 1903 l’armée américaine dote tous les militaires combattants d’une plaque métallique d’identification portée au tour du cou. Toutes les armées intervenant au cours de la première Guerre Mondiale adoptent ce dispositif. En France il avait été mis en place à partir de 1913 (11).
Il a probablement facilité en 1991 l’identification des restes mortuaires du lieutenant Alain Fournier (auteur du Grand Meaulnes) disparu en zone de combat en septembre 1914(12)
Conclusions
Que penser de la situation actuelle ? Que peut -on envisager pour demain ?
1°constat : les oppositions
Les procédures d’identification des patients en milieu hospitalier font l’objet de critiques de la part des défenseurs des « libertés individuelles » en utilisant la même rhétorique que pour l’opposition aux vaccinations en période de pandémie, celle du Covid-19 en est le récent exemple.
1° probabilité : les nouvelles applications
Il semble évident que l’identification des patients, des victimes sera d’autant plus facile et sûre qu’ils auront été déjà identifiés en tant que citoyen, non pas par un document administratif facilement
falsifiable mais par un procédé physique « indestructible » qui peut utiliser plusieurs méthodes :
- la reconnaissance faciale
Les importants travaux réalisés pour les identifications (13) d’abord à des fins de sécurité par les services de police et actuellement pour le contrôle « civique » de la population sont plus avancés en Chine.
En Europe 11 pays dont la France cette reconnaissance faciale est en cours d’installation. (14)(15) - A ce stade peut- on oser une comparaison avec le monde animal ?
Le marquage des bovins et des chevaux est encore une procédure constante dans certains pays comme protection contre le vol, c’est la situation aux Etats-Unis et au Mexique, il a servi d’argumentaire dans plusieurs films, il est encore pratiqué en France pour les jeunes taureaux de la Camargue (la ferrade). (16).
Les animaux de compagnies, chats et chiens, (8 millions de chiens et 25 millions de chats) sont d’après la loi actuelle des CADI (carnivores domestiques identifiés), identifiés par tatouage ou implantation d’une » puce » électronique. Mesures loin d’être respectées, constat de cette carence lors d’agressions de chiens divagants (17). - Ce dispositif sera -t-il utilisé pour les hommes ?
Mythe ou réalité ?
Pour les hommes, au-delà de la reconnaissance faciale déjà évoquée, peut-on envisager le « marquage » des êtres humains ?
Actuellement la réalité dépasse la fiction !
En Suède l’implantation de puce électronique sous la peau est très répandue : pass sanitaire, déplacement en train, (,18,19 20).
Pour mémoire rappelons les processus d’identifications « judicaires « qui ont largement dépassées la période du Moyen âge (21) et que l’on retrouve dans le roman d’Alexandre Dumas (les quatre mousquetaires dans le personnage de Milady de Winter marquée au fer rouge) (22).
Sans remonter si loin on doit citer la situation des déportés dans les camps nazis au cours de le deuxième guerre mondiale qui étaient tatoués au poignet d’un numéro d’identification (23)
Dans le cas où ces mesures d’identification permanentes des citoyens se généraliseraient dans le court et le moyen terme, il est évident qu’elles soulèveraient d’importants problèmes sociétaux , d’une part entre ceux qui trouveront dans ces procédés une facilitation pour toute les démarches administratives et même dans la vie courante( transport, paiement etc.) et ceux qui considéreront ces mesures comme des atteintes profondes aux libertés individuelles ,paradoxe actuel entre le comportement de leurs défenseurs et celui des adeptes du tatouage individuel sur des parties découvertes du corps ( personnalisé et indélébile) qui les rendent facilement identifiables .
La fiction littéraire et cinématographique a depuis longtemps utilisé les données de la reconnaissance faciale pour des productions diverses qui furent souvent autant d’anticipation (24).
Bibliographie
(1) https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00962317/document
Du sceau au passeport : genèse des pratiques médiévales de l’identification, Claire Judde de Larivière
(2) https://cours-de-droit.net/l-identification-des-personnes-physiques-a127103682/
(3) http://www.protectionsocialesolidaire.org/comprendre-histoire-de-la-protection-sociale/1945-naissance-de-la-securite-sociale
(4) https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-09/20200908-rapport-Lutte-contre-fraudes-prestations-sociales_0.pdf
(5) https://esante.gouv.fr/sites/default/files/media_entity/documents/RNIV%201%20Principes%20communs_1.pdf
(6) https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2009-1-page-45.htm#:~:text=L’erreur%20d’identification%20sur,%C3%A0%20une%20perte%20de%20chance.
Erreurs d’identification des patients dans un local d’archives vivantes, Alexis Hautemanière, Catherine Quantin, Philippe Hartemann Santé Publique 2009/1 (Vol. 21), pages 45 à 54
(7) https://www.thema-radiologie.fr/actualites/2130/erreur-de-lateralite-dans-un-traitement-du-sein-par-radiotherapie.html
(8) https://www.has-sante.fr/jcms/c_1518984/fr/les-check-lists-pour-la-securite-du-patient
(9) https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1246782017301544
Identification des victimes lors d’afflux massifs : utilisation des outils SINUS et ORSAN. Retour d’expérience dentification des victimes lors d’afflux massifs : utilisation des outils SINUS et ORSAN. Retour d’expérience, Manuela Oliver.
(10) https://www.interpol.int/fr/Notre-action/Police-scientifique/Identification-des-victimes-de-catastrophes
(11) https://www.reconstit.fr/2020/10/01/les-plaques-d-identit%C3%A9-de-l-arm%C3%A9e-fran%C3%A7aise/
(12) https://archeologie.culture.fr/archeologie1418/fr/alain-fournier-1886-1914#:
(13) https://www.rtl.fr/actu/international/chine-la-reconnaissance-faciale-une-arme-politique-et-industrielle-7799652259
(14) https://www.infoprotection.fr/reconnaissance-faciale-onze-pays-de-lue-lont-adoptee-dont-la-france/
(15) https://www.usine-digitale.fr/article/la-reconnaissance-faciale-est-deja-utilisee-dans-11-pays-europeens-dont-la-france.N1154082
(16) http://www.chevalcamargue.fr/blog/manade-ferrade/
(17) https://www.i-cad.fr/
(18) https://mediarail.wordpress.com/2017/06/26/suede-une-puce-biometrique-dans-la-main-en-guise-de-ticket/
(19) https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/implantation-sous-cutanee-des-micropuces-rfid-ou-en-est-on-91046/
(20) https://lejournalnews.com/securite-sociale-puce-rfid-implant-carte-vitale-france/
(21) https://www.cairn.info/revue-sens-dessous-2012-1-page-47.htm
La cicatrice pénale, Doctrine, pratiques et critique de la marque d’infamie Michel Porret » Sens-Dessous » 2012/1 (N° 10), pages 47 à 63
(22) https://www.etudier.com/fiches-de-lecture/les-trois-mousquetaires/milady-de-winter/
(23) https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/cms/content/
La déportation dans les camps nazis
(24) https://www.canalplus.com/articles/series/person-of-interest-tout-ce-qu-il-faut-savoir-sur-cette-serie-d-espionnage « Person of interest » 011 – 2016 / 42 min / Policier, Thriller, Action
Autres références générales
https://www.i-cad.fr/reglementation/identification_du_chien_et_du_chat
https://www.businessfrance.fr/mexique-etats-unis-mise-a-jour-du-marquage-des-bovins-vivants-mexicains-importes-par-les-etats-unis
https://www.rts.ch/info/monde/11137943-la-chine-veut-noter-tous-ses-habitants-et-installe-600-millions-de-cameras.html#:~:text=milliards%20d’euros.-,Les%20ca
https://www.rtl.fr/actu/international/chine-la-reconnaissance-faciale-une-arme-politique-et-industrielle-7799652259
https://www.maxisciences.com/gs-news/des-milliers-de-suedois-ont-maintenant-une-puce-electronique-sous-la-peau_art41034.html
La vulnérabilité d’un individu se définit comme sa situation interne, sa fragilité qui le rendent plus sensible à une atteinte, à une agression extérieure.
Ce concept en quelques années a envahi tout le champ des activités de l’homme, de son environnement, elle a des caractéristiques spécifiques, elle peut être totale ou partielle, provisoire ou durable, Individuelle ou collective, atteindre les institutions, les structures matérielles, être présente dans le monde urbain comme dans monde rural, liée aux activités industrielles et aux technologies nouvelles en particulier.
La vulnérabilité est au centre du concept de cindynique (sciences des risque), se situant avant la catastrophe pour envisager et permettre de mettre en place une réponse appropriée.
L’histoire ancienne comme récente a montré que l’on peut distinguer deux sortes de vulnérabilité :
-La vulnérabilité de « l’insuffisance, voire du dénuement », pour les populations qui vivent à un niveau de dénuement quasi-absolu, habitats insalubres( dénomination officielle «habitat informel et plus prosaïquement bidons-ville ), insuffisance alimentaire , rareté de l’eau potable, absence hygiène générale , difficultés voire rareté d’accès aux soins courants, absence protection contre la maladies infectieuses et parasitaires , fréquence des conflits armés ..Populations pour lesquelles les moindres événements naturels ( tempêtes , inondations ) sont susceptibles de déstabilisation et peut avoir un impact considérable, mesuré le plus souvent par les seules données comptables en terme de nombre de victimes et de sinistrés .
-La vulnérabilité « de l’opulence, de l’abondance », (une des caractéristiques des pays riches), celle des quartiers des grandes mégapoles : alimentation variée et disponible, électricité, gaz, chauffage, transport de qualité, accès aux soins immédiats et de qualité, sécurité, prévention et protection en cas de catastrophe naturelle. Toute situation qui entraine une fragilisation et une dépendance totale des populations à cette vie de confort et de facilité si un des éléments de ce confort vient à disparaître même temporairement, par exemple la seule panne généralisée et prolongée d’électricité ou de brutales modifications climatiques peuvent engendrer des conséquences graves.
-Il existe une troisième forme de vulnérabilité qui est rarement, voire presque jamais considérée comme telle : Elle est individuelle ou semi collective, s’observe tous les jours dans le domaine de la vie courante où elle alimente, ce qu’il convient de nommer actuellement des événements sous le terme d’accident de la vie courante, véritable euphémisme car les causes essentielles sont celles de l’ignorance, du mépris des règles de sécurité élémentaire, voir une forme d’incivisme particulière.
Elle s’observe dans tous les domaines de la vie de des populations, les exemples sont nombreux et suffisamment évocateurs : Skieurs pris dans une avalanche pour avoir pratiqué du ski « hors-piste » malgré les avertissements, navigateurs en détresse malgré les avis de tempête, automobilistes noyés dans une voiture sur une route submersible malgré les alertes « inondations «, spéléologues bloqués dans une caverne alors que la survenue d’orages importants avait été signalée.
Les exemples pourraient se multiplier, mais leur dénominateur commun réside dans le fait que les secours doivent intervenir quelquefois avec des risques importants pour les personnels, acteurs de secours et de soins : déplacement de moyens importants, sauvetage difficile et parfois dangereux, l’emploi de moyens particuliers hélicoptères, avec souvent comme « récompense » des critiques de certains médias dont l’ignorance autant que la fatuité entretiennent un climat de suspicion permanente vis-à-vis des organismes de secours, droit à l’assistance immédiate, « quid » des libertés individuelles, liberté d’action ?
Comportements humains peut -être expliqués par cette réflexion philosophique :
Vous vivez comme si vous alliez toujours vivre, jamais votre vulnérabilité ne vous effleure l’esprit, …. Toutes vos craintes sont des craintes de mortels, mais tous vos désirs sont des désirs d’immortels.
Sénèque (1-65, apr. J. -C) : De la brièveté de la vie
Janvier, Janus, en quittant décembre et en attendant janvier, le mois du dieu des portes, des passages et des commencements.
Dans la mythologie romaine, il est représenté avec deux visages opposés, regardant tout à la fois l’entrée et la sortie, le début et la fin, le passé et le futur…et dont les portes du temple annonçaient le présent : portes ouvertes la guerre, portes fermées la paix.
Les oracles nouveaux que sont les réseaux sociaux pourront ils nous dire si les portes sont ouvertes ou fermées ? Probablement compte- tenu de leur diversité les portes seront ouvertes pour certains, fermées pour d’autres…. L’avenir sera donc dans l’attente, les suppositions, les affirmations contradictoires et souvent péremptoires, le temps de l’incertitude et de l’irrationnel
Noël et fêtes de fin d’année 2021
Noël 2020, pour une partie de la population ce fut la tristesse liée à la disparition d’êtres chers emportés par l’épidémie virale, la tristesse également pour les familles dont un des membres était encore hospitalisé.
Ce fut aussi la situation de précarité des hommes et les femmes qui ont perdu leur emploi…
Pour la plupart des autres ce fut la difficulté, voire l’impossibilité de se comporter comme « d’habitude » dans ces moments de fête familiale : pas ou peu de réunions avec les parents et les amis, un couvre-feu limitant les sorties et les réjouissances habituelles.
Pour d’autres, en particulier pour tous les acteurs de secours et soins, ce fut un surcroît de travail en raison de la poursuite de l’épidémie avec bien sûr un risque personnel.
Pour autant faut-il désespérer ?
Dans ces circonstances la connaissance notre histoire nationale est importante, n’y a-t-il pas eu d’autres Noëls, d’autres fins d’année plus tristes, plus pénibles, plus contraignantes ?
Noël 1918, ce sont déjà 300 000 morts en France sur les champs de bataille, des hommes absents du foyer familial, des familles qui pleurent leurs disparus…
Noël 1920, la France comme l’Europe est sortie de la guerre depuis deux ans à peine, débutent alors les « années folles », sorte de catharsis pour oublier les conséquences de la guerre… pour la France près de 1 700 000 morts militaires et civils, des blessés, des invalides…
Les « années folles » ce fut surtout pour le monde urbain et fortuné, la France était encore un pays rural, l’électricité et l’eau courante n’ont pas encore pénétré dans tous les foyers… et Noël 1920 fut pour une grande partie de cette France rurale le retour des petits plaisirs retrouvés et un mode de vie, de comportement habituels.
Noël 1940, après Noël 1939, la France est vaincue, la France est occupée, près de 2 millions d’hommes sont en captivité en Allemagne (1 920 000, chiffre officiel des autorités allemandes, soit 10 % de la population masculine adulte de la France).
Le rationnement alimentaire a été instauré… et Noël 1941, 1942, 1943, ne furent guère plus « réjouissants ».
Noël 44 et Noël 45, c’est la libération de la France, la fin l’occupation ennemie, mais une France meurtrie, avec ses morts, ses disparus, avec « la découverte » de l’existence des camps de concentration dans lesquels avaient péri dans les souffrances atroces des hommes, des femmes, des enfants…
Les Noël 1944 et Noël 1945, ce sont des Noël dans des villes détruites sur la façade atlantique : Le Havre, Nantes, Brest, Rouen, Saint-Nazaire… Et aussi ailleurs, Marseille, Oradour-sur-Glane… mais enfin le retour de l’espoir.
Alors pour 2021 que faut-il espérer ?
Bien sûr la maîtrise et fin de l’épidémie, le retour à une situation meilleure mais pour autant pas normale dans la mesure où on ne peut effacer des mémoires ce qui vient de se passer et qu’il faudra du temps… non pour oublier mais surtout pour se préparer à affronter d’autres défis sanitaires.
Pour tous les acteurs de secours et de soins c’est la poursuite des activités journalières dans la prise en charge des « victimes » malades ou blessées.
C’est aussi le maintien de leur propre sécurité qui ne pourra être assurée que par le respect des mesures d’hygiène globale et la pratique des vaccinations.
Et pour conclure adoptons la formule de l’écrivain Cesare Pavese, (1908-1950) dans le titre d’un de ses romans :
« Le métier de vivre ». Vivre qui exige autant de sacrifices qu’il entraîne de plaisirs.
Le concept du« contexte » dans la gestion d’un événement
Introduction
Il s’agit d’un ensemble de paramètres à la fois très complexes et majeurs dans la gestion d’un événement qui sont susceptibles de donner, à l’ensemble de l’organisation des secours et à la gestion d’un événement grave, un aspect positif ou négatif alors que la partie technique aura été traitement traitée.
Ces paramètres sont caractérisés par la situation globale de la région dans laquelle est survenu l’accident, paramètres environnementaux et sociétaux qu’il est difficile de classer dans un ordre prioritaire, leur présentation obéira à leur simple énumération.
1° partie : les infrastructures et les ouvrages d’art du transport
Ce sont tous les équipements et installations qui permettent au quotidien le transport des populations, des matériaux divers, de la nourriture aux carburants, aux matériaux de construction et de tous objets utiles dans la vie courante, dont on s’aperçoit de l’importance quand ils viennent à manquer.
Routes,ponts, tunnels, viaduc,port, aéroport…dont l’existence, le bon fonctionnement est essentiel.
Très schématiquement on pourrait envisager plusieurs scénarios.
-Scénario n°1 : toutes les installations sont existantes, importantes, bien entretenues, remises en état facilement et rapidement si elles sont détériorées par l’événement, avec du personnel nombreux et qualifiés.
La réponse » secours » sera donc aisée tant au plan local, régional, national qu’international, c’est la situation habituelle de tous les pays qualifiés de « riches ».
-Scénario n°2 : toutes ces installations sont existantes, mais leur nombre comme leurs qualités, leurs entretiens ne sont pas à la hauteur des besoins des populations même en temps normal. Dans ce scénario il apparait évident qu’une catastrophe naturelle en particulier sera aggravée par la difficulté de réponse adaptée dans le domaine des transports des moyens de secours, c’est souvent le cas des pays dits en voie de développement
Scénario n°3 : toutes ces installations sont rudimentaires, voire quasiment inexistantes, les conséquences dans le domaine des secours sont évidentes. C’est souvent la situation de régions négligées des pays du scénario n° 2 et/ ou des régions où les conflits armés sont permanents.
2° partie : l’état habituel des réseaux de « fluides vitaux : eau, électricité, gaz, communications téléphoniques
On retrouve l’existence de trois scénarios :
- Scénario n°1 : le fonctionnement de tous ces réseaux est normal, l’approvisionnement en eau potable, en électricité est régulier et en situations exceptionnelles (tempêtes, inondations) leur rétablissement est rapide.
-Scénario n°2 : le fonctionnement est de mauvaise qualité, les coupures d’électricité sont fréquentes, les possibilités de communications téléphoniques sont aléatoires.
Scénario n°3 : toutes ces installations sont rudimentaires voire quasiment inexistantes, une grande partie de la population ne dispose pas d’eau courante, les réseaux et les lignes électriques sont anciens et souvent défectueuse. Ces situations sont fonction des services publics, de leur mise en place, de leur gestion au quotidien, de leur capacité à être remises en état rapidement.
3° partie : les ‘organisations de la santé publique
Complexes et nombreuses dans les grandes cités, elles sont plus rares et rudimentaires en milieu rural : réseau d’égout, collecte et ramassage des ordures, entretien et nettoyage des voies de circulation, contrôle des animaux divagants, lutte contre les insectes responsables des transmissions vectorielles, (rats, moustiques, mouches) .Les campagnes de vaccination sont régulières, le réseau de surveillance épidémiologique régulier et efficace.
Dans ce domaine également trois scénarios
- Scénario n°1 : toute cette organisation est bien programmée et sans faille, la réponse « soins santé publique sera donc aisée en particulier lors de grandes catastrophes naturelles ».
-Scénario n°2 : toutes ces installations sont également existantes, mais souvent mal entretenues, défaillantes au moindre incident et à fortiori lors d’événements graves.
Scénario n°3 : toutes ces installations sont rudimentaires, voire quasiment inexistantes, les conséquences dans les domaines des secours sont évidentes .C’est souvent la situation de régions négligées des pays du scénario n° 2 et/ ou des régions où les conflits armés sont permanents.
4° partie : l’organisation des soins
D’une manière un peu arbitraire elle est prise en compte séparément du domaine de la santé publique : nombre et qualité des établissements de soins publics et privés, organisation des secours aussi bien pour les événements habituels, quotidiens que pour ceux exceptionnels.
Il faut tenir compte également du nombre et de la qualification des personnels de santé, de leur formation et de leur entrainement à la gestion sanitaires des situations inhabituelles (par leur nature comme leur durée, (leur aptitude à poursuivre leur activité sur des périodes de temps très longues.
5° partie : le contexte sécuritaire
Ce paramètre correspond à la nature de la sécurité publique, en particulier dans les grandes villes, non seulement dans les centres urbains, mais également dans les quartiers périphéries où » les violences de la cité » sont à la fois les plus nombreuses et les plus graves.
Dans tous les pays il existe un fond habituel de sécurité ou d’insécurité qui va peser lourdement sur l’organisation des secours en situations exceptionnelles.
Cependant il faut signaler que lors de grandes catastrophes naturelles, ce contexte sécuritaire est mis à mal même dans les pays les plus « sécurisés », il s’agit le plus souvent de scènes de pillage, trois faits historiques :
-Lisbonne 1755, séisme et raz- de- marée, des dégâts importants et pour lutter contre ce risque le marquis de Pombal, responsable des secours, fait dresser des potences et 34 pillards y seront pendus ;
– Italie Messine 1908 (et une grande partie des cotes calabraise), séisme majeur suivi de tsunami, arrivée tardive des secours en raison de la destruction des routes : blessés tués, cadavres dépouillés des bijoux ;
– Ouragan Katrina, ( ) Nouvelle -Orléans, pillage des magasins ;
– Ouragan Irma, 2017, Antilles Saint- Martin, pillage de magasins.
Pillage que certains sociologues ont qualifié de « légitime »ayant du mal à les différencier des « actions de survie ».
- https://www.geostrategia.fr/le-seisme-de-lisbonne-en-1755-retour-sur-une-gestion-de-crise-marquante/
(2)https://ilyaunsiecle.org/2008/12/29/29-decembre-1908-messine-120-000-morts-en-37-secondes/
(3)https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2005/09/01/desastre-humanitaire-et-pillages_684537_3222.ht
(5)https://journals.openedition.org/vertigo/(Du risque « naturel » à la catastrophe urbaine : Katrina, F.Mancebo
Ces comportements à la fois dangereux et retardant les secours justifient souvent l’intervention des forces armées, qui par ailleurs peuvent apporter un soutien logistique important (hébergement, nourriture, transport et soins médicaux).
Ces situations sont susceptibles de survenir toute à la fois dans les régions où règne en permanence une insécurité globale comme dans celles où la sécurité est quotidienne.
On peut également retrouver ces scènes de pillage dans des circonstances spécifiques telles que les catastrophes aériennes, naufrages…
Il faut rappeler la légende sur le rôle des « naufrageurs » comme celui des pilleurs d’épaves.(1,2,3)
(2)https://www.liberation.fr/planete/1997/09/05/pillage-apres-le-crash-d-un-avion-au-cambodge_216287/
(4)http://www.wiki-brest.net/index.php/Naufrageurs_et_pilleurs_d%27%C3%A9paves
6° partie : le contexte industriel et technologique
Il faut prendre en compte lors de grandes catastrophes l’importance des structures industrielles qui peuvent être tout à la fois « la victime » de l’événement (exemple de l’accident nucléaire après le tsunami de Fukushima en ( ) mais également défaillantes en leur qualité de fournisseurs rapides de matériaux divers aussi bien aux acteurs de secours qu’aux populations rescapées (hébergement, transport, fournitures en matériaux divers).
En France, comme dans d’autres pays, les autorités responsables des secours sont amenées à réquisitionner des moyens privés, faut-il encore que ces moyens et que les unités de fabrication puissent répondre à cette demande.
Le contexte actuel a montré dans plusieurs pays que la délocalisation des fabrications, le fonctionnement à » flux tendu » étaient susceptibles, sinon d’aggraver la situation, du moins de ne pas faciliter sa résolution rapide. Ces situations ont été observées à plusieurs reprises aussi bien pour les catastrophes naturelles que sanitaires (pandémie etc.).
Cette capacité à une mobilisation générale des ressources du pays, à faire intervenir le plus grand nombre d’institutions dans un cadre de coordination réelle, constitue ce qu’on appelle actuellement le concept de résilience nationale dont la qualité dépasse très largement ce contexte industriel et technologique puisqu’il s’appuie très largement sur l’adhésion de l’ensemble de la population.
Dans cette perception on retrouvera les trois scénarios habituels :
- Scénario n°1/ : résilience complète et efficace ce qui est le cas de la plupart des pays industrialisés, mais les faits de ces dernières années ont mis en évidence la survenue de failles plus ou moins importantes et durables ;
- Scénario n° 2 : résilience insuffisante et les conséquences de l’événement vont s’inscrire dans la durée et augmenter ainsi la souffrance physique et psychologique des populations ;
- Scénario n° 3 : absence totale de résilience imposant ou justifiant une aide internationale (Devoir d’ingérence ?) avec tous les aspects positifs et négatifs de ces interventions à la fois étatiques internationales(ONU) et ONG dont la multitude et l’indépendance peuvent poser problèmes en termes de coordination.(1,2,3).
(3)https://www.un.org/fr/our-work/deliver-humanitarian-aid
https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2008-4-page-163.htm : Quel avenir pour l’ONU ? Jean-Marc ChâtaignerDans Revue internationale et stratégique 2008/4 (n° 72), pages 163 à 174
7° partie : le contexte sociétal
C’est un ensemble de paramètres très complexe englobant les modes de vie des populations, les comportements de logement, de nourriture, l’homogénéité des populations, ou l’importance des communautarismes, les réactions individuelles et collectives devant la gestion la souffrance, la mort, les comportements de deuil individuels (concept de deuil national), les comportements de revendications avec les recherches habituelles de responsabilité de l’événement en cause. Ils comprennent aussi touts le comportement devant la nécessité d’hébergements collectifs improvisés, les habitudes dans le domaine des inhumations et.
Toutes ces «habitudes » culturelles, confessionnelles existent bien avant la survenue de l’événement agressif : celui-ci est souvent un révélateur, amplificateur de ces caractéristiques positives de certaines communautés.
Plusieurs situations au cours de ces trente dernières années ont en été révélatrices (Etats- Unis, Chicago, 1996, vague de chaleur – République de Haïti, séisme, 2012- Japon, endémie des séismes)(1,2,3)
(1) Drames climatiques ou incuries politiques ? Pascal Acot
Dans Catastrophes climatiques, désastres sociaux (2006), pages 15 à 44
(2)Haïti, en situation post-séisme : quelques effets de la catastrophe du 12 janvier 2010 sur la population locale
http://www.ceres.ens.fr/Le-Japon-culture-du-risque-et-resiliences-individuelles.html?lang=fr
(3)Le Japon, culture du risque et résiliences individuelle
Conclusions
L’ensemble de ces paramètres met en évidence les différences de vulnérabilité suivant les régions du monde, les pays, les communautés humaines, objet d’études du prochain chapitre.
R Noto