Le concept du« contexte » dans la gestion d’un événement
Introduction
Il s’agit d’un ensemble de paramètres à la fois très complexes et majeurs dans la gestion d’un événement qui sont susceptibles de donner, à l’ensemble de l’organisation des secours et à la gestion d’un événement grave, un aspect positif ou négatif alors que la partie technique aura été traitement traitée.
Ces paramètres sont caractérisés par la situation globale de la région dans laquelle est survenu l’accident, paramètres environnementaux et sociétaux qu’il est difficile de classer dans un ordre prioritaire, leur présentation obéira à leur simple énumération.
1° partie : les infrastructures et les ouvrages d’art du transport
Ce sont tous les équipements et installations qui permettent au quotidien le transport des populations, des matériaux divers, de la nourriture aux carburants, aux matériaux de construction et de tous objets utiles dans la vie courante, dont on s’aperçoit de l’importance quand ils viennent à manquer.
Routes,ponts, tunnels, viaduc,port, aéroport…dont l’existence, le bon fonctionnement est essentiel.
Très schématiquement on pourrait envisager plusieurs scénarios.
-Scénario n°1 : toutes les installations sont existantes, importantes, bien entretenues, remises en état facilement et rapidement si elles sont détériorées par l’événement, avec du personnel nombreux et qualifiés.
La réponse » secours » sera donc aisée tant au plan local, régional, national qu’international, c’est la situation habituelle de tous les pays qualifiés de « riches ».
-Scénario n°2 : toutes ces installations sont existantes, mais leur nombre comme leurs qualités, leurs entretiens ne sont pas à la hauteur des besoins des populations même en temps normal. Dans ce scénario il apparait évident qu’une catastrophe naturelle en particulier sera aggravée par la difficulté de réponse adaptée dans le domaine des transports des moyens de secours, c’est souvent le cas des pays dits en voie de développement
Scénario n°3 : toutes ces installations sont rudimentaires, voire quasiment inexistantes, les conséquences dans le domaine des secours sont évidentes. C’est souvent la situation de régions négligées des pays du scénario n° 2 et/ ou des régions où les conflits armés sont permanents.
2° partie : l’état habituel des réseaux de « fluides vitaux : eau, électricité, gaz, communications téléphoniques
On retrouve l’existence de trois scénarios :
- Scénario n°1 : le fonctionnement de tous ces réseaux est normal, l’approvisionnement en eau potable, en électricité est régulier et en situations exceptionnelles (tempêtes, inondations) leur rétablissement est rapide.
-Scénario n°2 : le fonctionnement est de mauvaise qualité, les coupures d’électricité sont fréquentes, les possibilités de communications téléphoniques sont aléatoires.
Scénario n°3 : toutes ces installations sont rudimentaires voire quasiment inexistantes, une grande partie de la population ne dispose pas d’eau courante, les réseaux et les lignes électriques sont anciens et souvent défectueuse. Ces situations sont fonction des services publics, de leur mise en place, de leur gestion au quotidien, de leur capacité à être remises en état rapidement.
3° partie : les ‘organisations de la santé publique
Complexes et nombreuses dans les grandes cités, elles sont plus rares et rudimentaires en milieu rural : réseau d’égout, collecte et ramassage des ordures, entretien et nettoyage des voies de circulation, contrôle des animaux divagants, lutte contre les insectes responsables des transmissions vectorielles, (rats, moustiques, mouches) .Les campagnes de vaccination sont régulières, le réseau de surveillance épidémiologique régulier et efficace.
Dans ce domaine également trois scénarios
- Scénario n°1 : toute cette organisation est bien programmée et sans faille, la réponse « soins santé publique sera donc aisée en particulier lors de grandes catastrophes naturelles ».
-Scénario n°2 : toutes ces installations sont également existantes, mais souvent mal entretenues, défaillantes au moindre incident et à fortiori lors d’événements graves.
Scénario n°3 : toutes ces installations sont rudimentaires, voire quasiment inexistantes, les conséquences dans les domaines des secours sont évidentes .C’est souvent la situation de régions négligées des pays du scénario n° 2 et/ ou des régions où les conflits armés sont permanents.
4° partie : l’organisation des soins
D’une manière un peu arbitraire elle est prise en compte séparément du domaine de la santé publique : nombre et qualité des établissements de soins publics et privés, organisation des secours aussi bien pour les événements habituels, quotidiens que pour ceux exceptionnels.
Il faut tenir compte également du nombre et de la qualification des personnels de santé, de leur formation et de leur entrainement à la gestion sanitaires des situations inhabituelles (par leur nature comme leur durée, (leur aptitude à poursuivre leur activité sur des périodes de temps très longues.
5° partie : le contexte sécuritaire
Ce paramètre correspond à la nature de la sécurité publique, en particulier dans les grandes villes, non seulement dans les centres urbains, mais également dans les quartiers périphéries où » les violences de la cité » sont à la fois les plus nombreuses et les plus graves.
Dans tous les pays il existe un fond habituel de sécurité ou d’insécurité qui va peser lourdement sur l’organisation des secours en situations exceptionnelles.
Cependant il faut signaler que lors de grandes catastrophes naturelles, ce contexte sécuritaire est mis à mal même dans les pays les plus « sécurisés », il s’agit le plus souvent de scènes de pillage, trois faits historiques :
-Lisbonne 1755, séisme et raz- de- marée, des dégâts importants et pour lutter contre ce risque le marquis de Pombal, responsable des secours, fait dresser des potences et 34 pillards y seront pendus ;
– Italie Messine 1908 (et une grande partie des cotes calabraise), séisme majeur suivi de tsunami, arrivée tardive des secours en raison de la destruction des routes : blessés tués, cadavres dépouillés des bijoux ;
– Ouragan Katrina, ( ) Nouvelle -Orléans, pillage des magasins ;
– Ouragan Irma, 2017, Antilles Saint- Martin, pillage de magasins.
Pillage que certains sociologues ont qualifié de « légitime »ayant du mal à les différencier des « actions de survie ».
- https://www.geostrategia.fr/le-seisme-de-lisbonne-en-1755-retour-sur-une-gestion-de-crise-marquante/
(2)https://ilyaunsiecle.org/2008/12/29/29-decembre-1908-messine-120-000-morts-en-37-secondes/
(3)https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2005/09/01/desastre-humanitaire-et-pillages_684537_3222.ht
(5)https://journals.openedition.org/vertigo/(Du risque « naturel » à la catastrophe urbaine : Katrina, F.Mancebo
Ces comportements à la fois dangereux et retardant les secours justifient souvent l’intervention des forces armées, qui par ailleurs peuvent apporter un soutien logistique important (hébergement, nourriture, transport et soins médicaux).
Ces situations sont susceptibles de survenir toute à la fois dans les régions où règne en permanence une insécurité globale comme dans celles où la sécurité est quotidienne.
On peut également retrouver ces scènes de pillage dans des circonstances spécifiques telles que les catastrophes aériennes, naufrages…
Il faut rappeler la légende sur le rôle des « naufrageurs » comme celui des pilleurs d’épaves.(1,2,3)
(2)https://www.liberation.fr/planete/1997/09/05/pillage-apres-le-crash-d-un-avion-au-cambodge_216287/
(4)http://www.wiki-brest.net/index.php/Naufrageurs_et_pilleurs_d%27%C3%A9paves
6° partie : le contexte industriel et technologique
Il faut prendre en compte lors de grandes catastrophes l’importance des structures industrielles qui peuvent être tout à la fois « la victime » de l’événement (exemple de l’accident nucléaire après le tsunami de Fukushima en ( ) mais également défaillantes en leur qualité de fournisseurs rapides de matériaux divers aussi bien aux acteurs de secours qu’aux populations rescapées (hébergement, transport, fournitures en matériaux divers).
En France, comme dans d’autres pays, les autorités responsables des secours sont amenées à réquisitionner des moyens privés, faut-il encore que ces moyens et que les unités de fabrication puissent répondre à cette demande.
Le contexte actuel a montré dans plusieurs pays que la délocalisation des fabrications, le fonctionnement à » flux tendu » étaient susceptibles, sinon d’aggraver la situation, du moins de ne pas faciliter sa résolution rapide. Ces situations ont été observées à plusieurs reprises aussi bien pour les catastrophes naturelles que sanitaires (pandémie etc.).
Cette capacité à une mobilisation générale des ressources du pays, à faire intervenir le plus grand nombre d’institutions dans un cadre de coordination réelle, constitue ce qu’on appelle actuellement le concept de résilience nationale dont la qualité dépasse très largement ce contexte industriel et technologique puisqu’il s’appuie très largement sur l’adhésion de l’ensemble de la population.
Dans cette perception on retrouvera les trois scénarios habituels :
- Scénario n°1/ : résilience complète et efficace ce qui est le cas de la plupart des pays industrialisés, mais les faits de ces dernières années ont mis en évidence la survenue de failles plus ou moins importantes et durables ;
- Scénario n° 2 : résilience insuffisante et les conséquences de l’événement vont s’inscrire dans la durée et augmenter ainsi la souffrance physique et psychologique des populations ;
- Scénario n° 3 : absence totale de résilience imposant ou justifiant une aide internationale (Devoir d’ingérence ?) avec tous les aspects positifs et négatifs de ces interventions à la fois étatiques internationales(ONU) et ONG dont la multitude et l’indépendance peuvent poser problèmes en termes de coordination.(1,2,3).
(3)https://www.un.org/fr/our-work/deliver-humanitarian-aid
https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2008-4-page-163.htm : Quel avenir pour l’ONU ? Jean-Marc ChâtaignerDans Revue internationale et stratégique 2008/4 (n° 72), pages 163 à 174
7° partie : le contexte sociétal
C’est un ensemble de paramètres très complexe englobant les modes de vie des populations, les comportements de logement, de nourriture, l’homogénéité des populations, ou l’importance des communautarismes, les réactions individuelles et collectives devant la gestion la souffrance, la mort, les comportements de deuil individuels (concept de deuil national), les comportements de revendications avec les recherches habituelles de responsabilité de l’événement en cause. Ils comprennent aussi touts le comportement devant la nécessité d’hébergements collectifs improvisés, les habitudes dans le domaine des inhumations et.
Toutes ces «habitudes » culturelles, confessionnelles existent bien avant la survenue de l’événement agressif : celui-ci est souvent un révélateur, amplificateur de ces caractéristiques positives de certaines communautés.
Plusieurs situations au cours de ces trente dernières années ont en été révélatrices (Etats- Unis, Chicago, 1996, vague de chaleur – République de Haïti, séisme, 2012- Japon, endémie des séismes)(1,2,3)
(1) Drames climatiques ou incuries politiques ? Pascal Acot
Dans Catastrophes climatiques, désastres sociaux (2006), pages 15 à 44
(2)Haïti, en situation post-séisme : quelques effets de la catastrophe du 12 janvier 2010 sur la population locale
http://www.ceres.ens.fr/Le-Japon-culture-du-risque-et-resiliences-individuelles.html?lang=fr
(3)Le Japon, culture du risque et résiliences individuelle
Conclusions
L’ensemble de ces paramètres met en évidence les différences de vulnérabilité suivant les régions du monde, les pays, les communautés humaines, objet d’études du prochain chapitre.
R Noto