De la connaissance des événements…
La survenue des événements agressifs (tels qu’ils ont été définis dans « l’avertissement ») et leurs conséquences sont connues à partir de trois sources : les données historiques, les informations contemporaines, la relation avec des faits actuels.
Les données historiques
Nombre de catastrophes essentiellement naturelles nous sont rapportées par les « chroniqueurs » de l’histoire.
Que saurait-on de la destruction de Pompéi lors de l’éruption du Vésuve (79 ap. J.-C.) sans la lettre de Pline le Jeune à Tacite évoquant la mort de son oncle (1) et plus tard de tous les voyageurs allant sur ce site (2) ?
Que saurait-on du séisme qui détruisit Lisbonne le 1er novembre 1755 et surtout de sa reconstruction sous l’impulsion du marquis de Pombal, sans tous les récits, et les controverses philosophiques entre Voltaire et Rousseau ? (3)
Qu’aurions-nous dû retenir de la « Grande noyade » survenue en 1634 sur les côtes de la mer du Nord avec les vagues de submersion parfaitement décrites, de leur pouvoir destructeur que l’on a revécu en 2010 sur la côte atlantique à la Faute -sur -Mer ? (4)
Comment, sans le témoignage de Chaptal, aurions-nous pu connaître les conséquences humaines lors de l’explosion de la poudrerie de Grenelle (Paris), en 1791, qui fut l’occasion de la création des premières lois de sécurité industrielle (5) ?
À partir de 1843 ce sont les témoignages du journal légendaire : « L’illustration », qui pendant plus d’un siècle (1843-1955) fut le premier journal illustré rapportant tous les événements mondiaux, dessins originaux puis plus tard photographies. (6)
Les données contemporaines
-Elles ont commencé à la fin du XIXe siècle avec l’invention de la photographie puis du cinéma : des chroniques, les récits journalistiques mais aussi des photographies, des films….
Les inondations subies par Paris en 1910 sont parfaitement documentées grâce à des dizaines voire des centaines photographies… offrant ainsi la possibilité d’envisager des conséquences et les moyens à mettre en œuvre pour une nouvelle inondation de cette ampleur. (7)
-Elles sont aussi connues par les récits recueillis auprès des témoins « directs » ayant vécu, assisté à l’événement, subi les conséquences matérielles et humaines (concept d’impliqué…). (8)(9)
– « Les détails » de ces événements agressifs furent encore développés par l’apparition de la radiophonie et la diffusion des reportages photographiques qui faisaient la » Une » dans toutes les actualités cinématographiques, sans oublier « la légende de la panique new-yorkaise » avec l’émission Orson Welles en 1938 (la Guerre des Mondes). (10)
-Enfin le développement de la télévision accentua la diffusion des informations pratiquement en temps réel.
Après « les correspondants de guerre », apparurent les « envoyés spéciaux », les » grands reporters » et des informations transmises comportaient à la fois « un récit », des commentaires des photos graphies, des films, les témoignages des populations impliquées, c’est l’apparition, le domaine, la «puissance» des reportages (11)
-La fin du XXe et le début du XXIe siècle sont marqués par le développement de l’organisation des secours nationaux, internationaux… ce sont alors les « témoignages » des acteurs de secours recueillis dans ce qui est nommé actuellement les RETEX (Retours d’expérience…) qui font l’objet tout à la fois de rapports administratifs et de publications scientifiques (dans le domaine des soins…). (12)
Conclusions
Que retenir de l’abondance de ces documents écrits, photographiques, cinématographiques témoignages décrivant les conséquences de ces agressions, des modalités de réponses individuelles, collectives, institutionnelles ?
-En premier lieu, la possibilité de connaître ce passé « agressif » avec le risque important de vouloir juger la réponse à ces agressions à l’aune de nos connaissances actuelles, dans le domaine des secours comme dans celui des autres activités humaines, l’Histoire ne se déconstruit pas ni ne se restructure.
-En deuxième lieu, la constatation des progrès constants, dans la réaction collective et dans la lutte institutionnelle en réponse à l’agression, qu’est l’organisation des secours.
(2) Herculanum et Pompéi dans les récits des voyageurs français du XVIIIe siècle. C. Grell (publication du Centre Jean Bérard).
(3) https://presquepartout.hypotheses.org/1023
(4) https://amp.fr.google-info.cn/9473959/1/inondation-de-1634-au-schleswig-holstein.htm
(5) https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2011-3-page-34.htm
(6) https://www.lillustration.com
(7) https://www.unjourdeplusaparis.com/paris-insolite/crue-seine-1910
(8) https://mail.google.com/mail/u/0/?ogbl#inbox
(9) L’émergence d’une « littérature » de non-écrivains : les témoignages de catastrophes historiques C. Coquio, Revue d’histoire littéraire de la France 2003/2 (Vol. 103), pages 343 à 363.
https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2003-2-page-343.htm
(10) https://www.franceculture.fr/histoire/la-guerre-des-mondes-histoire-dun-canular-radiophonique
(11) https://www.efj.fr/metier-du-journalisme/devenir-journaliste-envoye-special
(12) https://www.pulm.fr/index.php/9782367813271.html
Retours d’expériences post-catastrophes naturelles T. Rey, S. Defossez, Collection « Géorisques », Presses Universitaires de la Méditerranée.